sexta-feira, 14 de dezembro de 2007

Charles Baudelaire



L'Ennemi

Ma jeneusse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çá et lá par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie on fait un tel ravage,
qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilá que j'ai touché l'automne des idées,
et qu'il faut employer la pelle et les râteauz
pour rassembler à neuf les terres inondées,
Oú l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

-O douleur! ô douleur! Les temps mange la vie,
et l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur!
Du sang que nous perdons corît et se fortifie!!

(Les Fleurs du Mal, Spleen et Idéal)

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